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Du coté de Matisse  par Baptiste Marey

«L'art ne doit donc pas copier la réalité : il ne serait alors que la mauvaise copie de cette copie qu'est l'objet qui tombe sous nos sens. La vraie fonction de l'art est «heuristique»: par lui, nous découvrons, nous «inventons», au travers de l'œuvre qui cherche à l'imiter, le modèle éternel, l'Idée, dont la réalité sensible n'était qu'une image. Le vrai portrait atteindra donc le vrai moi «tel qu'en lui-même enfin, l'Éter­nité le change».

« Le travail de l'artiste peut donc être le symbole de la quête du vrai moi.

De même que, dans un bloc de pierre, le sculpteur cherche à atteindre la forme qui rendra sensible la Beauté idéale, l'âme doit chercher à se donner elle-même la forme spirituelle, en rejetant tout ce qui n'est pas elle.

« La statue matérielle se conforme peu à peu à la vision du sculpteur; mais quand statue et sculpteur ne font qu'un, lorsqu'ils sont la même âme, la statue n'est bientôt plus que la vision elle-même, la beauté n'est plus qu'un état de simplicité totale, de lumière pure. » (1) Ces belles pensées éclairent me semble-t-il d'une juste lumière, l'art de Maxime Adam-Tessier. Sa sculpture s'écarte de tout impressionnisme (Rodin et la suite), comme de tout expressionnisme (Richier, César, artistes de sa génération) et de ce qu'on pourrait appe­ler la sculpture-peinture de Giacometti, tant vantée par Sartre et par Genêt, c'est-à-dire de la sculpture dont la distance à l'œil qui la regarde et, presque, la lumière, sont réglées une fois pour toutes, prête à être figée dans la cage de verre où elle sera exposée dans se = r = ge égal.

Plus que Masson, plus que Rouault dont il est le familier, Matisse et son entourage (Marguerite, les Duthuit) ont joué et jouent un rôle considérable dans l'univers de Maxime. Dans la suite des fameux couples antagonistes français, de Corneille - Racine à Sartre -Camus, celui de Matisse - Picasso, après Delacroix - Ingres, recouvre et partage le siècle. Maxime est indéfectiblement du côté de Matisse, dans son orbite, sa filiation - moins, il me semble, par l'esthétique un peu glacée, le faux sensualisme qui caractérise le maître de Vence que par le souci de la forme, de l'intervalle, du blanc d'égale valeur au trait, de l'idée qui précède la sensation, du souci de mettre de l'ordre dans le désordre du réel. »

1. Pierre Hadot: Plotin ou la simplicité du regard. Gallimard, Folio, 1997

 

BAPTISTE-MARREY

Extrait de «Un portrait subjectif» dans «80 Portraits de Flaubert», éditions du Linteau 2002

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