top of page
logo 2 blanc.jpg
MAXIME  portrait 5.jpg

Une passion sereine par Jacques Busse

HOMMAGE À MAXIME ADAM-TESSIER

​

Maxime Adam est né à Rouen en 1920. À Paris, élève de Despiau autour de 1940, puis bénéficiant des conseils amicaux d'Henri Laurens en 1945, il se savait donc sculpteur dès sa vingtième année. Seulement, le nom était déjà occupé dans la même fonction par Henri-Georges Adam, à quoi Maxime Adam remédia par l'adjonction du patronyme de sa grand-mère paternelle, devenant Maxime Adam-Tessier. Fixé définitivement à Paris, sculpteur c'est encombrant, c'est lourd, ça ne peut pas se permettre beaucoup de mobilité, c'est nous qui tournons autour, il n'a plus jamais quitté son atelier de la rue Schoelcher. Marié, comme Maky, le mari de Marie, avec Marion, la fille du peintre Jean Lombard, leur vie s'est confondue dans la fidélité aux amitiés et aux soucis du monde des artistes de Paris, avec une extension annuelle dans le Midi, où se retrouvaient apaisés certains des commensaux habituels. Maxime aimait « la mer allée avec le Soleil », c'est l'éternité.

D'une disponibilité sans exclusives, d'une totale bienveillance, Maxime est d'emblée devenu l'ami indispensable de tout ce monde aussi divers qu'agité. Ce n'est pas le lieu ici d'en faire état, toutefois l'adéquation de Maxime à une morale liée à une foi l'a maintenu, passant outre les stations du chemin, dans une sérénité dont il ne s'est jamais départi. Parfois en complicité avec son vieil ami Léon Zack, l'Église lui a offert des opportunités de sculptures monumen­tales, autels, baptistères, chemins de croix. Dans le contexte laïque, il a aussi créé une fon­taine à Rezé-les-Nantes et le bas-relief en acier inoxydable de la station la Défense du RER parisien. Ce fut tout naturellement que, après quelques débuts encore allusifs, s'étant défini dans les marges alors élargies de l'abstraction, Maxime s'est intégré dans la grande famille chaleureuse des Réalités Nouvelles, dont il fut l'un des membres du comité, et où son œuvre s'imposait annuellement, par cette évidence que l'exposition à la galerie Etienne de Causans en 1992 a permis de confirmer dans sa somme.

Après avoir assimilé à son propre compte les bonnes influences reçues, dans quelques sculp­tures, déjà non figurantes, dont les titres, Le cheval mort, Le roi mort, Le guerrier, ne sont por­teurs que d'un sens métaphorique, dès 1950 il s'impliqua définitivement dans la technique de la taille directe. La taille directe dans la pierre, quelle qu'elle soit, c'est la lutte de Jacob avec l'Ange. Jacob c'était lui, mais l'ange c'était la pierre, et la pierre c'est au moins aussi dur que l'ange. L'art de Maxime devient alors d'une apparente simplicité: il faut vaincre cette pierre qui ne veut pas céder, ni mollir. L'époque ni les conditions matérielles ne s'y prêtant, on ne peut rivaliser avec le Laocoon: il se référa à l'ascèse de Brancusi, dont I' œuvre ne souffre pas de l'apparente modestie, de la raréfaction ni de la répétition de ses quelques motifs; il en fut alors un assez fidèle disciple, non seul dans ce cas. Puis, s'étant spontanément détaché de la superbe emprise, alors que d'autres peut-être pas, il a alors développé, dans toutes ses varia­tions spatiales possibles, cette structure fondatrice qui allait identifier son œuvre, jusqu'au marbre pur qu'il destina pour la dernière fois au Salon. Mais comment la signifier? Au départ un bloc, le «calme bloc» mallarméen, qui, sous les coups de la masse et du ciseau s'anime, devient chapiteau, épanouissant en courbes et arêtes alternées la même veine inventive que chez ses chers Romans, floraisons improbables des vents du désert, ou têtes sans visages (caput, chapiteau) décapitées, innommées. Mais pourtant innommables, pourquoi les nomme-t-il: Rachel, La reine de Saba, Balthasar mais aussi Pasiphaé, qui vient d'une tout autre païenne origine avec sa fille Phèdre? Les nommer, pourtant sans visages, une façon de les reconnaître toutes siennes, pour lui la vie ni l'art n'étant qu'une seule certitude. C'est fini, l'atelier de la rue Schoelcher s'est tu. Maxime s'était choisi une place de l'autre côté de la rue, de l'autre côté du mur en face. L'atelier n'est pas vide, il bruit du silence orphelin des rois et des reines minéraux de son échiquier attentif. Ce n'est pas fini.

 

Jacques BUSSE

bottom of page